Je me parfume après la douche aux tweets de haine ordinaire
Un matin comme un autre dans la banalité de l'horrible
Sur la toile se répand une humeur grasse Une tâche de café sans croissant
Les yeux de la rue se ruent dans l'abject Et se referment sans autre forme de débat
Le jugement est prononcé L'opinion se gorge des cadavres exquis
Dans cette image sans le son Le sens ne tourne pas rond
La journée distille ses breaking news dans une orgie de temps de cerveau disponible
Le rayon boucherie est à son comble orné de guirlandes de corps et d'humanité en gélatine
C'est tous les jours fête ! La voix distille dans son prêche l'Amour de la Haine
Reliée par les poings tatoués de l'imposteur Non de Dieu de non de Dieu
La télévision ressemble tantôt à l'Enfer de Jérôme Bosch. Tantôt à un livre de pages noires Écrites à l'ancre verdâtre des étangs bleus de l'horizon
Le vent se lève enfin dans une bourrasque d'uniformes Au son du drapeau A l'ombre de la Marseillaise
Les fils de discussion transforment l'opinion en coq de clocher Au comptoir de l'union le citoyen boit le silence jusqu'à la lie Et le chant jusqu'à l'indigestion
Le temps se gâte Il fait de nouveau froid dans la démocratie de gouttière
Qu'est devenue la République ?
L’Égalité se perd en conjecture dans les méandres de la loterie. Une chance au grattage. Le suicide au tirage.
La Fraternité s'est perdue dans le passage à l'heure d'hiver
Et la Liberté ? La Liberté, mon cul Elle est resté au pied de son statut
Le soir se fait attendre Il n'est ni grand Ni honnête
Il passe en boucle à chaque flash Vêtu des paillettes de l'instantané
Je me brosse les dents au dentifrice de l'émotion Une nuit exceptionnelle
se profile Dans ma bouche incendiée se répand
une traînée d'haleine fraîche Comme la Liberté sans expression
Nicolas AURY
janvier, le 15 de l'An déchu